Intention

« Qui êtes-vous que je ne suis pas ? » a écrit Tobie Nathan (ethnopsychiatre)

« Bonjour, mon cousin Slimane, j’espère que tu vas bien, je voulais te téléphoner mais je me suis dit qu’il était préférable de t’écrire » a renchéri Khaddouma…. « Pas de visa pour les oiseaux » a dit Halyet…..  « Pas de visa pour les oiseaux » a retenu Marina.

Tous, nous nous sommes sentis concernés.

Au fil de l’eau, traverser les frontières physiques et symboliques… Cheminer longtemps avant d’arriver ici. S’ouvrir à l’océan des possibles. Venir d’ailleurs et prendre place ici. S’enraciner, planter, cultiver ses gestes au quotidien. Habiter à nouveau à Nantes, se ressourcer en bord de Loire, faire l’équilibre au fil de l’eau. Et s’imaginer dans le mouvement du monde…

Donner des formes spatiales aux tparcours et aux cheminements de ceux qui migrent par obligation. Visualiser ses propres trajets et ses repères durant la traversée. Se remémorer les espaces quittés et traduire graphiquement ce qu’il en reste. Espérer se poser quelques part et s’inventer des désirs d’habiter ici. Tenter de construire à nouveau.

« Il lui fallait le ciel entier, plein d’étoiles mouillées pour épancher sa mélancolie , il ne demandait rien. Qu’on le laisse simplement glisser au fil de l’eau en abandonnant derrière lui les tourments du Monde » Laurent GAUDET, Le soleil des Scorta, 2004

Descriptif

Les adultes, primo-arrivants, ont dessiné leurs déplacements tout en formulant leurs premiers mots en langue française. L’ensemble de ses dessins cartographie une nouvelle géographie mentale de tout ce que l’on laisse derrière soi quand on vient d’ailleurs, pour arriver quelque part. Les migrants, ceux d’aujourd’hui, témoignent de la difficulté de s’arracher à son pays. Les migrants d’hier, ceux qui sont déjà là, témoignent de leurs maisons-demeures, rêvées un jour. Autant de « désirs d’habiter ici » qui se multiplient dans l’espace. Chacun rêve sa maison et l’offre comme un espace d’hospitalité aux nouveaux venus.

L’installation plastique, telle une vision archipélique du monde cosmopolite se construit à partir d’éléments signifiants séparés (des « zones-images intenses et fortement subjectives » qui fonctionnent comme des modules) qui sont volontairement très hétérogènes, et ici rassemblés.

Toutes les matérialités diverses, bandes vidéos, bandes sonores, dessins, maquettes, sculptures papier, créations textiles forment un chaos-monde où se nichent les variations du désir d’habiter d’où que l’on vienne… Ce désir incommensurable d’avoir un toit pour exister. un toit pour soi, un corps-demeure.

La gageure est de mettre ensemble des désirs divers et des morceaux de monde, même précaires, et de rendre ainsi harmonieux l’hétérogénéité du vivant. Cette version de montage technique intermédial et hétérochronique reste volontairement ouverte et variable, en fonction des lieux de présentation.

Cette hétérogénéité et cette variabilité plastique sont revendiquées comme une ode à la richesse de la diversité. Ce qui nous intéresse c’est d’approcher un système de représentation tremblée et créole du monde-archipel, tel qu’il se vit aujourd’hui. Pour une politique mondiale de l’hospitalité.

Création partagée

Des ateliers organisés avec les adultes, primo-arrivants, de l’Atelier FLE (Français Langue Etrangère) de la Maison de Quartier des Dervallières auxquels se sont joints au fur et à mesure du projet d’autres personnes, migrants eux-mêmes ou pas. De multiples maquettes et créations de maisons-demeures ont été réalisées à plusieurs mains. Des performances scéniques ont été imaginées et représentées.

PAS DE VISA POUR LES OISEAUX / QUI ÊTES-VOUS QUE JE NE SUIS PAS ?

Réalisation de l’environnement plastique (La Luna + Arlène + Les Actions collectives)
Multi projection. Film vidéo (11min.) réalisé par le collectif La Luna.
Bande sonore réalisée par Kalz a Dud (Marcel Taillandier)

Les créations textiles des corps-demeures, ont été confectionnées par les Femmes d’Arlène : maisons rêvées, maisons lune, maison-oiseau, maison-cape envol.. Maison-papier, maison-nid…

Les maquettes papier sont autant de maisons-demeures, toutes rêvées emportées avec soi pour toujours.

Le temps statique du dessin et des sculptures sont entremêlés au temps de l’image vidéo en mouvement, qui elle n’est jamais assujettie au principe de la réalité documentaire.

Cette logique de composition intermédiale et hétérochronique interroge sans cesse la validité d’un médium par rapport à l’autre sans exclusivité et sans hiérarchie.

Ce dispositif combinatoire et volontairement bricolé (grandes vidéos muettes projetées en double écran, paysage sonore spatialisé, environnement sculpté et installé), se caractérise par un état d’hybridité des signes et des langages et par des projections d’images en mouvement totalement fractionnées. A la fois spatialement et temporellement, toutes les figures que nous voyons n’ont pas obligatoirement occupé le même espace commun, tous les objets n’ont pas été fabriqués au même endroit, ni par les mêmes mains.

LES CONTES DES MILLE ET UNE VIES

Performance scénique_ 45min
(La Luna + Actions Collectives)

Restitutions publiques et expositions

Mai-juin 2018 / installation, Expo Nomades sous la lune (25 ans de travail artistique de La Luna), L’Atelier, Nantes

Mars 2018 / activation scénique Les contes des mille et unes vies (Forme 12), Performance, Semaine contre toutes les discriminations, La FAL44, Maison de Quartier des Dervallières, Nantes

Décembre 2017 / activation scénique, Les contes des mille et unes vies (Forme 12), Performance Salle 450, Tissé Métisse, Cité des Congrès, Nantes

Septembre 2016 / activation scénique, Les contes des mille et unes vies (Forme 12), Installation , Migrations, Espace Cosmopolis, Nantes

Juin 2016 / installation sonore et visuelle, Des manières de faire monde au coeur de la ville (Forme 11), Performance, Le Grand Renc’Art (6ème édition), Les Dervallières, Nantes

Octobre 2015 / activation scénique, Au fil de l’eau, traverser les frontières (Forme 10), Performance, Fleuves, Espace Cosmopolis, Nantes

Partenaires opérationnels

Projet produit dans le cadre d’une convention pluriannuelle entre la ville de Nantes (Service culturel + Service des solidarités) et La Luna. Projet également financé par l’ACSE / Politique de la Ville / État). Prestations scéniques vendues auprès des programmateurs culturels.